vendredi 30 septembre 2011

NANTES & SON HISTOIRE

HISTOIRE DE NANTES AU FIL DES SIECLES


Le 13 avril 1598, Henri IV faisait son entrée à Nantes par la porte Saint-Pierre et s'en allait loger au château des Ducs. Quand il en aperçut la masse il s'écria : "Ventre Saint-Gris ! Les ducs de Bretagne n'étaient point de petits compagnons !" La très brève histoire de Nantes va nous montrer que ce furent, en effet, de "rudes hommes, sachant batailler et gouverner".









La cité des Namnètes(-500 à -52 avt JC.)







L'origine de Nantes est assez obscure. On sait que quelques pêcheurs s'installèrent sur un promontoire rocheux entre la rive droite de la Loire et, l'Erdre, son affluent. Leurs huttes formèrent une minuscule bourgade qui devint plus tard un oppidum du nom de Condivienum et la capitale des Namnètes (Celtes de la Gaule armorique).

Monnaie Mamnète


CONVIDENUM - NANTES

CONQUÊTE ROMAINE (-52 avt JC à 486)



Dès leur installation, après la conquête de César, les Romains virent le parti qu'ils pouvaient tirer de cet emplacement si propice à devenir un port florissant ;


La table de Peutinger - Nantes : Portus Namnetum


de fait, la table de Peutinger, dressée vers le IIIe ou IVe siècle, le désignait sous le nom de Portus Namnetum. Une association de mariniers de la Loire, les Nantae légerici, prouve l'importance de la navigation fluviale entre ce port et les villes situées en amont. Le trafic par mer contribuait à en faire une cité commerçante où étaient importés les minerais d'étain et de plomb, l'huile d'olive, le vin, etc. Les Romains sentirent la nécessité de protéger les habitants et les marchandises entreposées, et ils construisirent, au IIIe siècle, une enceinte autour de l'ancien oppidum dont la superficie atteignait dix-huit hectares.




Les voies romaines




DEPART DES ROMAINS - ARRIVEE DES FRANCS (507 - 843)




 














Les frères Onatien et Rogatien                                           Saint Félix
                                      

< St Clair


À la fin du IIIe siècle, saint Clair introduisit le christianisme à Nantes. La ville garda toujours en vénération la mémoire de ses deux premiers martyrs, les frères Onatien et Rogatien, appelés"les enfants nantai". Après l'effondrement de l'Empire romain, au début du VIe siècle, Clotaire Ier, roi des Francs, s'empara de Nantes (novembre 560). Il mourut un an plus tard ; l'évêque, saint Félix, prit alors en main les destinées de la ville dont il fut le premier gouverneur. Il entreprit des travaux considérables pour agrandir le port et assainir les marais de l'Erdre dont la pestilence causait des épidémies mortelles. Le canal Saint-Félix perpétue le souvenir de l'évêque qui bâtit, en outre, une nouvelle et magnifique église pour remplacer celle de saint Clair.


Royaume des Francs en 511


A la chute de l'Empire des Francs qui couvrait toute l'Europe
Bilan et partages en 843


INVASIONS NORMANDES - LES VIKINGS (843 - 911)

La première invasion

Le 24 juin 843, les Normands saccagèrent et incendièrent cette merveille. Ils tuèrent l'évêque devant l'autel et emmenèrent captifs tous ceux qu'ils ne massacrèrent pas. C'était la première des six invasions que Nantes eut à subir des barbares du nord


Aux VIIIème et IXème siècles, ce seront en Europe les invasions normandes, celles des pillards scandinaves, qui s'appelaient eux-mêmes vikings, avec leurs flottilles de barques à faible tirant d'eau. Vers 834, les Norvégiens colonisent l'Irlande et le nord de l'Ecosse. A la fin du IXème, ils decouvrent l'Islande, puis le Groenland, le continent américain, où ils ne s'installent pourtant pas. Les Danois, eux, ravagent chaque année les côtes d'Angleterre, où ils s'établissent. A la mort de Charlemagne, ils remontent les fleuves du royaume franc, pillent les villes et les abbayes. En 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, Charles III le Simple leur permet d'occuper la «Normandie», en échange d'une reconnaissance de suzeraineté. La conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066 (bataille d'Hastings) est considérée comme une des dernières manifestations de l'esprit viking.

BILAN DES DIFFERENTES INVASIONS

NANTES SE RELEVE DE SES RUINES

Alain Barbetorte - Premier Duc de Bretagne

En 937, Alain Barbetorte chassa définitivement ces pillards de la Bretagne, bienfait qui lui valut d'être le premier duc de Bretagne. Il releva Nantes de ses ruines et la rendit plus florissante qu'auparavant.




NANTES PREND DE L'AMPLEUR

Au temps de Gui de Thouars (Gouverneur de 1203 à 1206), régent du duché au début du XIIIe siècle, la ville, trop à l'étroit, étendait ses faubourgs en dehors des murs ; cela nécessita la construction d'une deuxième enceinte fortifiée à laquelle Gui de Thouars ajouta un château, dit de la Tour-Neuve. Des portes donnaient accès à la cité : la porte Saint-Pierre, jouxtant la cathédrale et l'évêché, la porte de Sauvetout et la porte Saint-Nicolas. De nombreux ponts furent construits pour relier l'agglomération à la rive gauche de la Loire sur laquelle le duc Jean IV éleva, en 1365, la forteresse de Pirmil.
Château Tour Neuve

LES DERNIERS DUCS

La première pierre de la cathédrale gothique

Jean V

Sous le règne de Jean V (1399-1442), Nantes vécut une ère de prospérité et d'épanouissement grâce à des traités commerciaux qui provoquèrent le développement de son négoce, au point de nécessiter l'extension du port. Dans la belle ville de son duché, Jean V posa, en 1434, la première pierre de la cathédrale gothique actuelle.




Le château & la cathédrale de Nantes




LE CHÂTEAU DE LA TOUR-NEUVE

   François II Duc de Bretagne 
François II, dernier duc de Bretagne (1458-1488), érigea Nantes en capitale du duché et lui prodigua ses complaisances en encourageant le commerce et la navigation, en fondant une université et de nombreuses écoles. Il fallait aussi une nouvelle résidence ducale à quoi ne convenait guère "le chastel si indigent" de la Tour-Neuve. François II ordonna alors, par mandement du 12 octobre 1466, la reconstruction du château tel qu'il est aujourd'hui, avec cet admirable Grand Logis, une des merveilles de l'art de la Renaissance ; la princesse Anne, la Bonne Duchesse, y naquit le 25 janvier 1477. Le destin devait la faire deux fois reine de France : dans ce même château, elle épousa Charles VIII, le 5 décembre 1491, puis Louis XII, le 8 janvier 1499 ; ce second mariage présageait pour la Bretagne la perte de son indépendance, laquelle fut consommée le 13 août 1532 par le traité d'Union.

Le Château des Ducs de Bretagne






La Cathédrale

NANTES - Capitale de la Province de Bretagne

Le premier maire de Nantes

Les Nantais sollicitèrent aussitôt une administration municipale différente, avec un maire et des échevins. Elle leur fut accordée par le roi François II en janvier 1559, mais le premier maire, Geoffroy Drouet, ne fut nommé que le 28 novembre 1564. Le 11 octobre de l'année suivante, il recevait à Nantes Charles IX, qui y séjourna trois jours.


Mairie de Nantes

Il faut doubler l'étendue de la cité

La ville se développait sans cesse par son commerce et ses chantiers navals. Au temps de François Ier fut lancé le vaisseau Non Pareil et, sous Henri II, le Grand Henry et le Grand Carraquen. La prospérité lui donnant de l'embonpoint, Nantes se trouvait "comprimée" dans ses fortifications ; en 1582, sur l'ordre du duc de Mercœur, son gouverneur, on commença la construction d'une troisième enceinte, pour doubler l'étendue de la cité.  


Nantes reste à l'écart des guerres de Religion
Pendant les guerres de Religion qui déchirèrent la France, Nantes resta à l'écart de la lutte. Elle tenait pour la Ligue et pour Mercœur, mais, en mars 1598, Henri IV vint y recevoir la soumission de ce dernier. Après quoi, le roi signa un édit par lequel il accordait aux protestants la liberté du culte et certaines places de sûreté.


 13 avril 1598 - HENRI IV & L'EDIT DE NANTES


LES TRANSFORMATIONS DU XVIIIe SIECLE


Parvint à l'apogée de son opulence
Au XVIIIe siècle, la vieille cité des Namnètes parvint à l'apogée de son opulence par le commerce avec les "isles", la traite de "bois d'ébène" (c'est-à-dire des noirs) et l'armement pour la guerre de course. Les riches armateurs firent bâtir de magnifiques hôtels, quai de la Fosse, place de la Petite Hollande, rue Kervégan ; ils étaient ornés de splendides balcons en fer forgé et décorés de mascarons sculptés. Tout ce faste disparaîtra à la Révolution, et les bombardements de 1943 détruiront quantité de ces belles demeures.


"La traite de "bois d'ébène"



Le plan d'embellissement de la ville
 

Le grand architecte qui conçut le plan d'embellissement de la ville fut Ceineray ; on lui doit la noble et imposante ordonnance des quartiers neufs, ainsi que la Cour des Comptes de la Bretagne, construite en 1785, qui devint plus tard la Préfecture.





JB CERNERAY - Projet pour le palais de la Chambre des Comptes de Bretagne


La Révolution

Le plan de Ceineray ne put être parachevé en raison de la Révolution qui apporta à Nantes la ruine du commerce et la misère générale. En 1793, Carrier s'installait à l'hôtel de la Villestreux, d'où il fit régner la terreur pendant cinq ans. Il se rendit célèbre par ses noyades en Loire qu'il appelait "la baignoire matinale" ; on en compte vingt-trois où périrent au moins 1860 victimes : prêtres, femmes et même enfants de 8 à 15 ans, en plus des guillotinés et des fusillés.













Jean-Baptiste Carrier, né le 16 mars 1756 à Yolet, près d'Aurillac, mort guillotiné le 16 décembre 1794 (26 frimaire an III à Paris), est un homme politique français, un des acteurs de la Révolution française, et particulièrement de la Terreur. Son nom reste associé aux massacres et aux noyades de Nantes de 1793 et 1794


LES TEMPS CONTEMPORAINS

Les bras de la Loire sont comblés

Comme les autres villes de France, Nantes se remit de la tourmente révolutionnaire. En 1830, l'activité maritime reprit ; les long-courriers transportant les épices et les "confiseries" abordèrent nombreux au quai de la Fosse et y déchargèrent leurs cargaisons exotiques, notamment le sucre de canne.


 QUAI DE LA FOSSE

Quai de la Fosse de nuit !

Afin de faciliter aux navires, de plus en plus grands, la remontée de la Loire, on ouvrit en 1892 un canal entre Paimboeuf et la Martinière. Avec le temps, ce palliatif se révéla insuffisant ; quelques années avant la guerre de 1939, on combla, dans la ville, les bras de la Loire pour approfondir le lit principal du fleuve. Cette solution eut l'avantage, avec le détournement de l'Erdre, de donner plus d'espace et de facilité à la circulation des voitures au détriment, d'ailleurs, de l'aspect pittoresque de laïcité.


Canal de Paimboeuf à la Martinière




L'Erdre devant la Préfecture


Canal à la Martinière

Lors du creusement du canal à Nantes,le cours de l’Erdre fut détourné,le marais asséché,et les déblais amoncelés donnèrent naissance à l’île de Versailles occupée pendant quelques décennies par diverses activités artisanales liées à la navigation fluviale
La Capitainerie sur l'Ile de Versailles
Ces activités furent peu à peu abandonnées et l’île, rachetée par la ville de Nantes devint dans les années 1980 un lieu de plaisance abritant la capitainerie du port et la Maison de l’Erdre, des clubs nautiques et de location de bateaux,et surtout un jardin paysager d’inspiration japonaise
Une galerie couverte donne accès à un grand bâtiment construit dans l’esthétique de l’architecture traditionnelle du Japon pour abriter la Maison de l’Erdre qui raconte par des maquettes,des documents anciens et enfin des aquariums d’eau douce la vie et les activités liées au milieu aquatique de la rivière
La passerelle sur l'Erdre donnant accès à l'île de Versailles





Nantes souffrit de la deuxième guerre mondiale

Durant la dernière guerre, Nantes souffrit énormément des bombardements alliés sur les objectifs ennemis ; entre juin 1943 et septembre 1944, il y eut des centaines de morts, des milliers de blessés et plus de 500 immeubles anéantis. L'abside de la cathédrale fut très endommagée et les principaux immeubles du XVIIIe siècle, construits par Ceineray, furent ruinés ou ravagés par l'incendie. Dans la Loire, les Allemands coulèrent 130 navires, grands ou petits, et rendirent inutilisables les installations des ports ainsi que les chantiers navals.




Nantes dévastée durant la seconde Guerre Mondiale






Les Nantais vont nettoyer les briques avant de reconstruire la ville


BLASON DE NANTES
Si Nantes, semblable à la nef de ses armes, vogue vers l'avenir, elle a aussi la sagesse de conserver les témoins de son glorieux passé de capitale du duché, puis de la province de Bretagne.

Ces vieilles pierres, plus que les cubes de béton d'une affligeante uniformité, racontent leur histoire à ceux qui savent les comprendre.